Rencontres doctorales

Rencontres doctorales « Interdisciplinarité et droit »

Le droit peut-il se passer des autres disciplines ? Comment et pourquoi adopter une méthodologie interdisciplinaire dans la recherche en droit ? Que peuvent apporter les autres disciplines à la recherche juridique ? Ces différentes questions ont animé les débats qui se sont tenus en mai et juin 2021 dans les locaux de l’Université Lyon 2 puis de l’Université Clermont Auvergne. 

 

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Franchir les frontières disciplinaires du droit permet aux chercheurs de mieux construire leur objet d’étude afin d’en saisir la complexité. Dans certains cas, envisager son objet par le seul prisme du droit le prédétermine, réduisant ainsi l’exhaustivité de la recherche. L’interdisciplinarité est alors d’abord un dépaysement. Olivier Leclerc invite ainsi les juristes à accepter d’être interloqués. La méthode appliquée par les autres disciplines sert à penser le droit. Le juriste doit donc se nourrir d’autre chose que de la Norme pour bien comprendre l’épaisseur, la construction sociale qui a mené à ces règles.

Certaines branches du droit imposent d’ailleurs ce passage par d’autres disciplines. En droit de l’environnement par exemple, l’interdisciplinarité est indispensable, en raison d’objet d’étude ayant souvent d’abord été appréhendé en dehors de la dogmatique juridique, comme l’a souligné Isabelle Michallet. Lors de la présentation de ses travaux, Tom Drevard et Emma Novel ont ainsi expliqué que pour définir la biodiversité et l’adaptation aux changements climatiques en droit, il est d’abord nécessaire de se confronter aux définitions qu’en donnent les autres disciplines scientifiques (écologie, biologie, physique, philosophie). Or, si elle permet d’affiner son objet, cette approche pose également une difficulté supplémentaire lorsque les définitions ne concordent pas. Le juriste n’étant pas chercheur en biologie, en économie ou autre, il lui faut trouver une définition unifiée des différentes réalités perceptibles. Il faut donc établir des critères de définition et identifier les éléments pertinents en droit, car l’interdisciplinarité se pratique depuis la discipline d’origine (ici, le droit). En effet, si le détour par d’autres disciplines permet de définir son objet, d’évaluer le droit, sa pertinence, son effectivité, le chercheur en droit doit toujours « revenir au droit » et proposer sa propre traduction.

L’interdisciplinarité dans la recherche en droit correspond à une réalité de plus en plus prégnante, d’un point de vue institutionnel d’abord, s’agissant de l’organisation des laboratoires de recherche et de la recherche de financements, d’un point de vue pratique ensuite, en termes de connaissances et de compréhension des phénomènes sociaux que le droit permet d’expliquer. Les mutations que connaissent aujourd’hui les Universités affectent indiscutablement la recherche qui s’effectue en leur sein. La recherche juridique n’y fait pas exception. 

L’interdisciplinarité, telle qu’elle a été envisagée à l’occasion de ces rencontres, n’est donc pas autre chose que du droit. Elle consiste simplement à faire du droit autrement. Mobilisées dans le cadre d’une recherche individuelle, les autres disciplines permettent de mieux comprendre la norme. Le chercheur en droit n’a en effet jamais de légitimité en dehors de sa propre discipline. La méthode interdisciplinaire est donc un outil au service de l’étude du droit. C’est en tout cas les conclusions auxquelles ont abouti les discussions de ces demi-journées de rencontres doctorales Lyon/Clermont-Ferrand.

L’ADPL remercie l’ensemble des intervenants et des participants à ces journées.